Thierry Birrer - Photograph...isme

" Emporté par la foule "

Ce texte est extrait d'un ouvrage relatif aux 100 kilomètres de Millau.


Malgré la foule, pas de bousculade. On vient faire la fête et ça se ressent. Escalator, lumière naturelle, nous sommes dehors. L’Arc de Triomphe campe, triomphal, et s’amuse sûrement de ces milliers de personnes qui occupent le tarmac. Les voitures ne font plus la loi. Je traverse avec mes enfants n’importe comment. Comme les autres. Une petite sensation de puissance en moi, de défi envers ces automobiles qui ignorent d’habitude si fort les piétons sur cette place. Me serait-il d’ailleurs venu à l’idée de traverser cette place avec mes enfants un jour de semaine ? Evidemment que non !
Des drapeaux en pagaille, de l’agitation, des marathoniens qui prennent la pose au pied de l’Arc. Je tente quelques photos d’ambiance, mais je n’arrive pas à déballer mon matériel, faire les bons réglages. Je suis déjà mentalement dans ma course. Je tente un cliché avec mon GSM. Le tout automatique a ses limites. Photos foirées. Enfin "foirées" avec mon regard professionnel. Sûrement que tous ceux qui sont autour de moi s’en contenteraient. Tant pis pour la photo de ce drapeau belge barré d’un cœur et des ces marathoniens d’outre-quiévrain. Tant pis aussi pour ce groupe de marathoniennes tchèques tout de rose vêtues, il faut aller déposer mon sac et rejoindre les sacs de départ.

L’avenue Foch n’est pas seulement la plus large de Paris, c’est aussi une des plus longues. Il faut passer par les contre-allées pour rejoindre les consignes en entrant par l’avenue Malakoff, soit près de 980 mètres. Je laisse mes enfants et j’avance d’un bon pas. Le chronomètre s’affole – il est déjà 07h50 –, les compétiteurs s’agglutinent, certains courent, la ruche commence à s’emballer alors que le soleil commence à être radieux. Les conversations diminuent. J’essaye de progresser suffisamment vite pour ne pas avoir à stresser pour rejoindre mon sas de départ, mais pas trop vite pour ne pas consommer d’énergie. Parce que les 980 mètres, il faudra bien les refaire pour rejoindre l’Arc de Triomphe, puis ensuite les Champs !
Malgré l’appréhension que j’essaye de contenir et qui doit affecter tous les concurrents, il n’y a pas de bousculade. Certains courent. Pas toujours facile vu le monde pour les étrangers munis de valises parfois bien volumineuses. C’est que près de 50.000 engagés, ça fait du peuple ! J’essaye de bien garder cette fluidité qui est le maître mot de mes actions depuis deux jours afin d’éviter toute consommation de vitalité.
Consignes numéros 51000-51250, c’est pour moi. Trente secondes d’attente à peine. J’en profite pour avaler une grosse gorgée d’eau, je replie mon K-Way. Sac déposé, direction place de l’Étoile.
Dernier contact avec mes enfants, nous nous retrouverons – je l’espère ! – dans cinq kilomètres, après Bastille. Métro pour eux, macadam pour moi. C’est que mon sas 4h30 étant à hauteur de rue de Bassano, j’ai 800 m à parcourir depuis le dépôt de mon sac. Question mise en jambes, ASO a tout prévu !

Contrairement à beaucoup d’autres, je ne jogge pas pour retrouver l’entrée de ma cage de départ. Si le départ est à 8h45 pour les premiers, peu de chances que le mien soit avant 09h15. Nous ne pensons pas tous de la même façon, et ça pousse un peu à l’entrée du sas 4h15. Il est déjà 08h31. Dérisoire cette entrée ! Nous n’y passons qu’à deux de front. Pour faire rentrer plus de 4000 personnes, quand bien même il y en a une de chaque côté de l’avenue des Champs-Élysées, ça ne peut être que tendu. Pour certains, dont je suis, c’est un joyeux bordel. Pour les autres, c’est du gros n’importe quoi. C’est organisé un peu comme s’il y avait un sas pour rentrer dans le sas.
Au micro, un speaker s’évertue à vanter le travail de Mécénat Chirurgie Cardiaque. A mon niveau, le bruit ambiant de milliers d’individus rend le propos presque inaudible.
« Il reste deux minutes, deux minutes avant le départ des handi. Two minutes to go before disability race ! »
Ça ne me concerne pas, mais ça fait monter un peu la tension.
« Attention, parce que ça part très très très vite ! Mettez-vous bien sur les côtés ! The start will be really ... quick ! »
Visiblement, l’anglais n’est pas le point fort du speaker.
Un second speaker s’évertue à nous faire vivre le départ comme une arrivée du Tour de France : « Voilà, ils vont être prêts dans une minute. One minute to go before ... Les non-voyants sont présents aussi, il y a énormément de coureurs non-voyants ici cette année. Merci à eux d’être là, merci aux coureurs d’être avec nous. Thank you to be here ! On va libérer uniquement les handis. Patientez ! Sautillez sur place ! ... On va libérer l’avenue pour les handis ... Attention, trente secondes ! ... Ça va partir dans quelques petites secondes, merci de libérer pour les handi. Quinze secondes. ... On est à dix secondes du départ. ... Cinq, Quatre, Four, Three, Two, One, Go ! ». Applaudissements des spectateurs et applaudissements parmi ceux en attente dans les sas. On ne voit rien, mais on applaudit, solidaires. Une façon de décompresser et de se donner du cœur à l’ouvrage. Parce que les fauteuils vont mettre entre 1h30 et 1h45 pour couvrir la distance, alors que nous, dans le sas 4h15, eh bien, c’est 4h15 au mieux. C’est plutôt nous (et ceux des sas suivants !) qui ont besoin de gros encouragements.

« Il reste neuf minutes ! Nine minutes before the start ». Ah, ça commence à devenir bon. Deux chauffeurs de salle sur un podium s’évertuent à nous faire sautiller sur place, à nous faire taper dans nos mains et nous bombardent du Queen à fond. Grosse ambiance, mais nous ne sommes pas en boîte de nuit, les coureurs sont moins réactifs que les habitués du dancefloor : ils gardent leurs forces pour ce qui les attend dans quelques instants.
Le sol commence à être jonché de petits tubes de concentré énergétique. Déjà ? Certains, non encore rentrés dans le sas, s’impatientent et tentent d’escalader les grilles de deux mètres de haut pour rentrer. Cela me semble idiot et surtout de nature à se blesser. Je tente une photo pour immortaliser la scène.

« Nous sommes à cinq minutes du départ. Five minutes before the start ». Nouvelle dose de We will rock you. Et c’est reparti pour l’animation tandis que quelques marathoniens tentent d’immortaliser l’instant en se faisant photographier sur le petit podium où se trémoussent les deux chauffeurs de salle.
« Buddy you're a boy – make a big noise – Playin' in the street ». Ah, pour ça, du bruit, y’en a ! Je n’ai pas spécialement envie de jouer, mais plutôt de courir. Je suis moins tendu que prévu, et pour le moment je ne suis pas du tout rentré dans ma course. J’ai un peu le sentiment de faire la queue à la Sécu, au supermarché du coin ou à la Japan Expo. C’est-à-dire en m’emmerdant un peu. Mais en beaucoup plus bruyant.
Comme tous les autres, j’ai enfilé la tenue plastique blanche badgée Jogging International. Pas très seyant, pas très sûr non plus que ça tienne bien au chaud et j’ai du mal à esquisser quelques sautillements sur place pour me chauffer d’autant que mon départ n’est pas tout proche si j’ai bien compris ce que j’ai lu.
Et encore un peu plus fort : « We will we will rock you – We will we will rock you – Buddy you're a young man hard man – Shoutin' in the street ». Cette fois, avec le speaker qui égrène les minutes, tout le monde se met plus ou moins à taper dans les mains.

Douze minutes que je suis en attente de départ. Les meneurs d’allure 4h15 essayent de se frayer un chemin pour se placer en tête du groupe. Cela resserre un peu les rangs. Certains en profitent pour se débarrasser de leur sac blanc. Le sol commence à être relativement jonché de détritus.
« Two minutes before the start ». Certains autour de moi envoient un dernier appel : « Bon, c’est bon. On y va. Je t’embrasse ! ». Euh ..., c’est moi qui n’aie pas tout compris ou eux ?

« Une minute avant le départ ! ». Une clameur monte de l’avenue des Champs-Élysées. Ça pousse derrière, on commence à être vraiment serrés. Un peu de tension monte en moi tout de même. Certains se demandent si c’est judicieux de suivre les meneurs d’allure. Je discute avec des Canadiens qui n’ont pas tout compris au système des sas et qui sont un peu étonnés d’apprendre que l’on n’est pas prêts de partir puisqu’il y a cinq ou six minutes entre chaque départ de sas et que nous ne sommes que le cinquième à partir.
Comme nous sommes maintenant passés en mode sardines en boîte, je choisis d’ôter ma protection plastique que je plie en 16 pour la garder à la ceinture et la rendre à mes enfants que je dois retrouver du côté de Bastille. Au pire, ce sera une poubelle puisque c’est contraire à mes principes que de jeter ce truc à terre. Je pense que certains vont sûrement se prendre les pieds dedans tellement le sol est recouvert de ces détritus.

08h45. Le speaker s’époumone d’un « C’est partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » qui n’a cependant pas la majesté d’un Gooooooooooooooooal sud-américain. Comme les autres, je crie. Les sardines se resserrent.
Une minute plus tard, départ des 3h00 sur fond de Stayin’Alive des Bee Gees. Les minutes passent, le speaker essaye de maintenir la pression, certains commencent à se concentrer sur ce qui les attend, d’autres s’impatientent. J’en suis. Première fois depuis 1986 à New-York que je participe à une épreuve d’une telle envergure. Je trouve cette partie d’attente un peu désagréable. Heureusement, le froid ne se ressent pas trop et le soleil est de la partie. J’essaye de bouger un peu sur place.

08h54, départ des 3h30. Le speaker prodigue quelques conseils : « Ne sautez pas le premier ravitaillement ! ». Justement, j’ai choisi de le sauter.
« C’est un record de participation cette année, plus de 50.000 inscrits ! » ... Le gars est bon vendeur puisqu’il n’y a eu que 49814 inscrits, 41244 dossards retirés et nous ne serons "que" 39967 au départ. Déjà on peut se demander comment ASO annonce 49814 inscrits quand la page d’inscription du marathon affiche toujours le 7 avril au soir : « Les inscriptions sont limitées à 46000 personnes » ...
« Everybody move ! » ... « Bougez, bougez, bougez ! » ... Mouais, demande t’on aux sardines de se remuer dans la boîte ?

A 09h00, rien n’a bougé pour nous, si ce n’est la densité de détritus au sol (il y a même des bouteilles de Gatorade ou Powerade !) et de sportifs au mètre carré. Certains n’ont pas compris le système puisque je côtoie des 4h00 et des 3h45. Ou peut-être sont-ce des personnes qui ont racheté des inscriptions en dernière minute puisque sur tous les forums de course à pied et même au BonCoin.fr, il y en avait pléthore à vendre.

Déjà 09h15. Voilà trente minutes que les premiers sont partis. Ils doivent déjà être quelque part vers Daumesnil, soit de l’autre côté de Paris. Je commence à m’impatienter. C’est idiot puisque je consomme de l’énergie.
« Paris est à vous, profitez-en ! ». Il est marrant ce speaker, je ne demande que ça !
« Départ dans 3-4 minutes ! ». Oui, mais pour les dossards 4h00. « Bienvenue sur la ligne de départ ! ». Sono à fond, Europe vocifère : "It’s the final countdown".

09h19. Le speaker annonce que les premiers sont à 12 km du départ. Ah oui, quand même ! Cette fois, j’essaye de vraiment bouger les jambes pour chauffer un peu la mécanique. J’aurai surtout pu garder ma protection 40 minutes de plus. La précipitation est toujours mauvaise conseillère !

09h21. Ça y est, on avance ! Re "It’s the final countdown". Petits frissons tout partout. Deux cent cinquante mètres environ à parcourir pour rejoindre l’arche de départ. « We're leaving together – But still it's farewell – And maybe we'll come back – To earth, who can tell ? » Il n’y a pas à dire, ça booste sacrément un départ, fut-il de marathon !
Les pavés parisiens ont disparu sous un épais manteau de produits en tout genre : gants, bonnets, sacs poubelles, protection Jogging International, flacons divers, tee-shirts, vieux pulls, Isostar, fluide énergisant, tickets de métro, bouteilles plastique, une Heineken (vide), Kleenex, gels alimentaires, une bouteille de Yop, ... Comme les autres, j’essaye de ne pas me prendre les pieds dedans. A l’approche de l’arche, des bénévoles s’activent avec de grands balais pour tenter de nous laisser une chaussée à peu près propre. En vain.
Et c’est reparti pour « We will we will rock you – We will we will rock you ». Le palpitant qui monte un peu dans les tours, ça commence à sentir enfin bon cette affaire !

09h22. « On va commencer par le côté droit de l’avenue ! » toujours sur fond de Queen. Ça tombe bien, c’est le mien et j’ai hâte de m’élancer. Pourtant nous continuons à avancer puisque nous n’avons pas encore atteint l’arche de départ. Un vieux pull, des dizaines de tubes de gel alimentaire, des centaines de protection de départ, du Powerade encore, un journal Le Monde. Un vrai bazar !
« Profitez-en, profitez de Paris ! On est toujours avec le départ des 4h00 ici ! ». Ah, je ne suis donc pas encore à courir.
La sono crache maintenant "It’s raining men" des Weather Girls. Pour le moment, ce sont plutôt les détritus qui ont plu sur l’avenue. Pas récent que toutes ces musiques, cela me renvoie au marathon de Paris en 1984. Ne manque plus que le "Africa" de Rose Laurens pour que le rajeunissement soit total !
Un concurrent américain porte un tee-shirt noir avec, dans son dos, la mention « Every step, every minute, my sun is with me ». Vu la couleur et l’écriture, j’en déduis que c’est en mémoire de son fils disparu. Émouvant ! Côte à côte, trois espagnols, deux hommes en tee-shirt rouge et une femme, entre les deux et en tee-shirt jaune. Un Australien qui court sans montre me demande l’heure.

09h25. « Allez, allez, on avance ! Il reste 25.000 concurrents à partir ! ». Toujours aussi bon vendeur, ce speaker ! « Yeh, yeh, yeh, yeh, yeh ! », il essaye de nous chauffer mais nous sommes déjà tous plus ou moins dans notre bulle, certains ont déjà la main sur le chronomètre.
Pendant que l’on continue à avancer, j’essaye de me rappeler les bons principes de toute épreuve d’endurance : pas trop vite au départ, pas trop vite pendant. J’essaye aussi de m’imprégner de toutes les émotions, comme s’il s’agissait à la fois de mon premier et de mon dernier marathon. Le premier, non. Le dernier, peut-être. Je ne peux oublier que certains propos de mon docteur m’ont alarmé. Je me suis lancé ce défi, je veux qu’avant tout ce soit du plaisir et non de la souffrance. Et pour cela, je ne dois pas forcer. D’autant que je n’oublie pas que le SAMU m’a ramassé pour un sévère malaise neuf jours plus tôt.
La sono balance "Envole-moi" de Goldman : « J'm'en sortirai, j'me le promets – Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux. ». Des paroles qui résonnent en moi. Je n’ai pas encore pris le départ de ce marathon que je sais déjà, pour ne pas dire que je suis sûr, que j’en courrai d’autres.
A l’approche du départ, les Champs-Élysées sont de plus en plus une gigantesque poubelle. Je pense aux 10.000 participants qui vont encore passer derrière moi. « On se croirait dans les bidonvilles de Calcutta ! » lance un sportif. Goldman continue : « Envole-moi – Me laisse pas là ! ». Bon, c’est quand qu’on part ?

09h31. L’ambiance monte. On se croirait sur Radio Nostalgie. « Égarés dans la vallée infernale – Le héros s’appelle ... ». Ça swingue, c’est entraînant.
Ça crie, ça pousse des « Waouh ! » et des « Yeeeeeh ! », ça s’agglutine, tout le monde est chaud et ne demande qu’à partir. « Il en reste beaucoup, il en reste beaucoup ! » clame le speaker, « Vingt-cinq milles ! Le plus vieux concurrent a 83 ans » ...
Indochine poursuit : « Et soudain surgit face au vent – Le vrai héros de tous les temps ». De la suite, je retiens : « Tel l'aventurier solitaire – Le marathonien est le roi de la terre ».
Le speaker s’époumone : « Six minutes au kilo pour les 4h15, un rythme de 10 km/h au moins ! ... Vous êtes prêts ? Trois, deux, un, c’est parti !!! ». S’élève alors un immense « Waouououououh » de plusieurs secondes. Ça pousse, ça chante, ça beugle, ça hulule, ça a des odeurs de joyeuse sortie d’école primaire le jour des grandes vacances. A se demander si tous ces gens, moi le premier, se rendent bien compte qu’ils partent pour la distance mythique du marathon ! Rien que pour cet instant si bref, ça vaut assurément le coup de participer à un grand marathon.

09h32. « Entraîné par la foule qui s'élance – Et qui danse – Une folle farandole – Je suis emporté au loin ... ». Pourquoi ai-je pensé à cet instant à Edith Piaf ? La foule de ces milliers de marathoniens qui vont à travers Paris tracer une folle farandole ? Paris ? ... Trop tard pour réfléchir : la foule se précipite. Trop tard pour reculer : la foule m’entraîne. Trop tard pour tout : oubliées mes 78 séances de préparation, disparus mes 867 kilomètres d’entraînement, refoulés mes doutes et mes appréhensions, rejetée cette leucémie qui m’a poussé à tenter ce pari un peu insensé, écartés le stress du départ et les quelques gouttes de pluie du matin : je suis déjà emporté au loin.
Au loin, mais pas trop vite ! Je me rappelle les paroles d’Alain Mimoun : « Pour courir vite, il faut savoir s’entraîner lentement ». Entraîné par la foule, certes. Mais trop vite, non. Alors j’enchaîne les premières centaines de mètres l’œil fixé sur le chronomètre, comme je l’ai répété maintes fois à l’entraînement. Je me suis fixé une première partie pour me chauffer, au moins 5 à 10 kilomètres et je compte m’y tenir malgré la marée qui pousse.

(...)

© Thierry Birrer – Mai 2013

Marathon de Paris 2013
Marathon de Paris - Mars 2013 © T. Birrer

[ Fin ]

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