Thierry Birrer - Photograph...isme




« Une auto éventrée au bord d’une petite route non loin d’Izium.
C’est toujours terrifiant une carcasse au bord d’une route.
C’est terrifiant mais pour un reporter, c’est attirant.
Une carcasse, c’est une vie, une histoire.
C’était une vie.
Combien sont morts ici ? Je ne le saurais jamais.
Qui a tiré et pourquoi ? Je ne le saurais non plus jamais.
Quel âge avaient-ils, d’où venaient-ils et où se rendaient-ils ? Je ne le saurais également jamais.
Ne reste qu’une carcasse éventrée, une trace de l’histoire d’un combat, d’un crime de guerre peut-être car rien ne montre que ce véhicule fut militaire, de « l’histoire avec une grande Hache » comme l’a dit l’écrivain Georges Pérec. 

A nouveau, je suis seul au milieu du vide, du chaos. Chaotique mais beau. Les ocres, roux et bruns clairs de la ferraille, le soleil et le ciel bleu, les arbres déplumés et les feuilles de l’automne composent un tableau graphiquement plaisant à regarder. Cela n’est cependant plaisant que si l’on n’oublie que des personnes ont été tuées ici. Et puis c’est potentiellement dangereux.
Quelle est la probabilité qu’un engin explosif soit toujours opérationnel ? La zone n’a été reprise qu’il y a deux mois et rien n’indique que ce véhicule date de l’offensive initiale en mars ou de la contre-attaque de septembre. La seule chose avec laquelle il faut composer est que le déminage n’a pas été la priorité de l’armée puisque quasiment plus personne n’habite dans la région. La vigilance doit donc rester omniprésente, à l’image des écriteaux "Mines !" qui pullulent un peu partout. Je ne m’approche pas à moins d’un mètre et j’abandonne l’idée d’ajouter un cliché à ma série Fragments.
Une, deux, trois et enfin quatre prises de vues. 

Je remonte en voiture. L’autoradio repart en même temps que le moteur.
Résonne une chanson de Mylène Farmer, "Bleu et Noir" :
« Je marche vers les ténèbres
Vers l'horizon funeste
Mais la vie qui m'entoure et me baigne
Me dit quand même ça vaut la peine
Et qui peut se mouvoir
Dans ce convoi de larmes
Je te dédie ma mort
Et je saigne, saigne encore » 

Je regarde la carcasse : le bleu du ciel, le noir du capot. Je rêve de scénariser cette image en grand format avec cette chanson pour une prochaine exposition. Je reprends ma route vers l’horizon funeste. Funeste car le front n'est qu'à cinquante deux kilomètres. Je pense également que ça valait la peine de tourner dans ce carrefour. » 

Izium, le 13 novembre 2022.
Extrait de « Ya », un carnet de reportage rédigé en novembre 2022, en cours de relecture et à paraître prochainement.

 

 

Autres ouvrages en cours d'écriture :

Carnet de reportage avec les réfugiés en Grèce

Du collégien au lycéen

Un regard sur l'orientation, jugée et vécue par les élèves
Constant H., décédé en 1915 sur le front d'Orient
Là où est la vie

En France, en Irak ou en Grèce, quelques articles rédigés entre 2015 et 2017 :
Un thé en Irak
Photoreporter : idées préconçues et réalités du terrain
Apaiser la douleur
Open the border
La vie sur le palier d'en face
Un thé chez les SWAT
Photoreporter, la réalité du terrain
Apaiser
Open the border !
La vie sur le palier d'en face

Reportages sur la crise migratoire syrienne
Les réfugiés syriens en Grèce et la crise migratoire consécutive à l'état de guerre en Syrie (reportages de 2016)
:
Le camp de réfugiés d'Oreokastro
Le camp de réfugiés de Diavata en 12/2016
Le camp de Softex
Le camp de réfugiés de Vasilika
Informations traduites du site Are You Syrious
Oreokastro 12/2016
Diavata 12/2016
Softex 12/2016
Vasilika 12/2016
Are You Syrious ?

Idomeni refugees camp / May 2016

 

Paroles publiques et conférences
De la Syrie à l'Irak en passant par la Grèce, quelques conférences sur les réfugiés en 2016-2017 :
Dix jours avec les réfugiés en Grèce
Aidons les chrétiens d'Orient à aller à l'école
Fortress Europa
J'ai marché vers la liberté
Les murs de la honte
Les ressources complémentaires à ces conférences sont à accès réservé.

Paroles publiques et conférences
J'aime bien marcher parce que c'est en marchant que l'on ressent vraiment un territoire. C'est en marchant que l'on prend son temps et que l'on rencontre les gens. De ces marches et de ces rencontres sont nées des récits. Extraits.
Monde à l'agonie

Apprendre, c'est notre liberté

Un coup de feu claque. Un seul.
Emporté par la foule
Grèce 2016
Irak 2017
Irak 2017
Paris 2013
Comment imaginer qu'en mai 2016 des gens qui ont fuit la guerre à Idlib, à peine à deux heures d'avion d'ici, en soient arrivés à boire l'eau d'une rivière en fuyant un camp infâme dans un des premiers pays de l'histoire de l'humanité ? Qui sait si je ne les aurais pas suivis ?
(...)
Il nous faut partir. Où ? Je ne sais pas ! Mais pour partir, il nous faut savoir parler anglais. Il faut que nous réussissions, nous n'avons pas le choix, c'est notre liberté !
(...)
J’ouvre les yeux. Rien. Du goudron à trois centimètres. C’est tout. Je ne vois ni à gauche ni à droite. Je me dis que si quelqu’un observe très attentivement la scène, il verra que je ne suis pas tombé naturellement. Personne ne tombe les bras croisés, la tête appuyée sur les avants-bras ! (...)
Pourquoi ai-je pensé à cet instant à Edith Piaf ? La foule de ces milliers de marathoniens qui vont à travers Paris tracer une folle farandole ? Paris ? ... Trop tard pour réfléchir : la foule s’élance. Trop tard pour reculer : la foule m’entraîne.
(...)
Ces passages sont extraits d'ouvrages parus ou à paraître.


Dans les filets de la manipulation
Les réseaux sociaux sont le terrain de prédilection des fausses rumeurs. Voici quelques exemples "décodés" :
On nous ment : Marine Le Pen est en tête du premier tour !
Mais qui frappe qui ?
Plus c'est gros et plus ça passe
Plus c'est gros et plus ça passe
Quand on fait dire ce que l'on veut entendre
On nous aurait menti sur le résultat du premier tour des présidentielles
Où l'on suppose que les medias truquent la vérité (1)
Où l'on suppose que les medias truquent la vérité (2)
Rien n'interdit de compter avant de partager !
-. C'est confirmé !
-. Ben ... non.
Comment à trop vouloir dénoncer le mensonge on finit par s'y engluer
Une vrai fausse ... authenticité !
Des exemples à partager sans modération !


Ce n'est pas tant la photo en elle-même qui m'intéresse mais le chemin qui y conduit et les gens que je rencontre sur ce chemin :
Men at work (and women also)
Brasser en Bretagne
Une journée à l'école de gardes à cheval

 


Quand la presse s'intéresse à mon travail (le Vase Communicant, automne 2016) :

Cliquer sur une page pour afficher ou ensemble téléchargeable ici au format PDF A4

 

Reportages en sport automobile (endurance et GT)

 

 

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